dimanche 3 octobre 2010

Visite au musée Stéphane Mallarmé au pont de Valvins à Vulaines sur Seine (77)

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Ces jours derniers, l'envie nous est venue de prendre la route de Fontainebleau pour rejoindre la maison que le poète Stephane Mallarmé prit en location, à partir de 1874. Professeur d'anglais à Paris, il venait y faire de nombreux séjours, pendant ses mois de vacances, jouissant de "cette retraite de clarté et d'arbres". C'est aussi la demeure qui recueillit  le dernier souffle du poète le 9 septembre 1898.

À Vulaines-sur-Seine au pont de Valvins, la maison-musée, petite propriété située en retrait du village, offre un moment de plaisir champêtre au promeneur en quête d'empreintes d'écrivains. Vieille maison paysanne, elle fut le refuge choisi par le poète, pressé de quitter son appartement parisien dès le beau temps venu.

En arrivant à 11 heures, nous étions les seuls visiteurs à pousser la grille et à franchir le seuil du home mallarméen. La lumière d'automne jouait sur les eaux de la Seine qu'aimait tant l'écrivain "épris de navigation fluviale" car  il prenait soin de sa yole d'acajou dansant au fil de l'eau : "J'honore la rivière qui laisse s'engouffrer dans  son eau des journées entières sans qu'on ait l'impression de les avoir perdues" (à Verlaine ). De sa chambre située au premier étage, il voyait s'écouler les ondes comme le flux profond de la vie. Il flânait dans les sous-bois de la forêt de Fontainebleau : "les antiques futaies" qui accueillaient les artistes tant peintres que poètes dont beaucoup devinrent ses amis.  

Paul Fort écrit que Mallarmé  "était l'enchanteur Merlin de cette forêt de Brocéliande, cernée de bardes et de muses"

Ce début d'automne doucement ensoleillé nous a conduits dans le jardin, si attirant avec ses allées bordées de mille fleurs  aux tons déjà fanés, doucement parfumés. Voici le verger ; les pommiers surchargés de fruits invitaient à la cueillette. Permission de croquer la pomme ! ce que je n'ai pas fait, sans doute parce que nous étions invités à le faire. Je  préférais regarder les fruits rouges, rebondis, éclatés, tacher le vert gazon de leurs tons mordorées et songer à la fuite du temps. Tables et chaises  dispersés ça et là nous invitaient à une pause lecture ou à la rêverie… J'imaginais M. le professeur en tablier de jardinier occupé à soignes ses rosiers dans un bain de verdure : "Tous les matins, je me promène sécateur à la main et fais leur toilette aux fleurs, avant la mienne."  

Nous avons visité la maison de bas en haut et pieusement respiré les effluves mallarméennes discrètement répandues dans chaque pièce où tout rappelle le poète symboliste, sa femme et leur fille Geneviève. Atmosphère intime créée par les meubles et objets choisis, tous sobres et de bon goût : le buffet aux assiettes, la fameuse table des mardis littéraires, la tabatière et la pendule de Saxe. Le cabinet japonais de l'écrivain, sa bibliothèque anglaise nous parlent de ses goûts en matière littéraire. Par amour pour Edgar Allan Poe, le jeune Stéphane apprit l'anglais pour traduire les Histoires extraordinaires. Le châle offert par Méry Laurent négligemment posé sur le dossier d'un fauteuil, évoque un amour défunt, des photographies ornent les murs et l'on se plaît à sonder ces visages que le poète aimait. Tout un monde perdu et retrouvé.

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2 commentaires:

  1. Une rareté depuis peu sur le Net, un extrait de mise en scène d'Hérodiade. Mallarmé a travaillé ce poème, qu’il avait commencé dans sa jeunesse, jusqu’à ses derniers jours mais sans pouvoir l’achever. Nous voyons ici la scène du miroir. La mise en scène est signée " Louis Latourre " mais les acteurs ne sont pas nommés (?).

    http://www.youtube.com/watch?v=3TbQORU90pw

    Et surprise je découvre aujourd'hui l'Après-midi d'un faune.

    http://www.youtube.com/watch?v=HVWgY7kIkLs

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