mardi 21 décembre 2010

Jacqueline de Romilly et l’association Guillaume-Budé

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Le décès de Jacqueline de Romilly, le 18 décembre, a donné à la presse l’occasion de revenir abondamment sur la carrière de la grande helléniste et sur son engagement pour la défense des langues anciennes. Nous voudrions ici simplement rappeler les rapports qu’elle a entretenus avec l’association Guillaume-Budé et sa section locale orléanaise.

En 1930, le Républicain orléanais et du Centre annonçait, sous le titre "Encore une victoire féministe", le succès au concours général de Mlle Jacqueline David, 17 ans, élève du lycée Molière à Paris : premier prix de version latine et deuxième prix de version grecque. Son succès à l’agrégation, six années plus tard, amena la jeune femme à enseigner dans des lycées de Tournon, Montpellier et Bordeaux.

C’est à l’association Guillaume-Budé de Bordeaux que Mlle David rencontra Michel Worms de Romilly, qu’elle épousa au printemps 1940.

Quelques années plus tard, elle entra au Conseil d’administration de l’Association et, en mars 1960, lors de l’Assemblée générale, elle fit une communication sur Les mythes antiques dans la littérature contemporaine.

En 1966, répondant à une invitation amicale de Jacques Boudet, elle fut reçue par notre Association orléanaise où elle fit une conférence sur le thème Age d’or et progrès à l’époque classique en Grèce.

En 1975, année où elle est devenue vice-présidente de l’Association, elle revint à Orléans pour féliciter la section orléanaise qui fêtait alors ses vingt années d’existence et pour parler de La tragédie grecque miroir de la Cité.

En janvier 1977, alors que l’association Guillaume-Budé nationale était associée à la commémoration, en Sorbonne, des débuts de l'enseignement du grec à Paris par Georges Hermonyme de Sparte, elle fit un bilan de Cinq siècles d'hellénisme en France et termina son intervention en lançant un appel en faveur de l'enseignement du grec.

En 1981, elle succéda à Fernand Robert comme présidente de l’Association. A ce titre, elle prononça un "in memoriam" lors du décès de Robert Flacelière, puis, à l’Assemblée générale de 1982, elle fit un exposé sur L'amitié de Giraudoux avec l'hellénisme.

Elle démissionna de la présidence fin 1983, afin, dit-elle alors, de ne pas "compromettre" l’association Guillaume-Budé alors qu’elle se disposait à publier un ouvrage très engagé sous le titre L’Enseignement en détresse.

En 1984, toujours à l’Assemblée générale de Guillaume-Budé, alors qu’elle venait d’illustrer par des extraits musicaux une étude sur La tragédie de Sophocle Hercules et le drame musical de Händel, elle profita de cette occasion pour revenir sur ses inquiétudes quant à l’avenir du grec dans notre enseignement : "Sans le grec en arrière plan, on vit toujours plus ou moins dans un monde à plat, auquel manque cette merveilleuse dimension du temps, où les oeuvres revivent, évoluent et prolifèrent de façon quasiment continue — jusqu'à présent du moins. En ces quatre mots de réserve, j'enferme nos craintes, nos espoirs, et la tâche même que notre Association entend assumer de toutes ses forces."

Dans les années qui suivirent, le bulletin de l’Association publia le texte de trois conférences données par Jacqueline de Romilly :
  — en 1986, une conférence qu’elle avait donnée aux Amis de l'Université de Paris-Sorbonne sur L'humanité d'Homère et les humanités.
  — en 1987, une conférence donnée devant la section d'Aix-en-Provence : Le conquérant et la belle captive.
  — en 1992, une conférence donnée au Palais de la Musique d'Athènes sur L'hésitation et le regret dans les tragédies antiques relatives à Electre.

Enfin, en 1993, Mme de Romilly prit contact avec l’association Guillaume-Budé d’Orléans pour attirer son attention sur une association qu’elle venait de fonder sous l'appellation de "Sauvegarde des enseignements littéraires".

L’influence de Jacqueline de Romilly s’est étendue bien au-delà de nos frontières. L’écrivain grec Vassilis Alexakis, que l’association orléanaise avait reçu en 1997, vient de lui rendre hommage en rappelant que son influence dans la Grèce d’aujourd’hui a été considérable et en suggérant qu’une rue d’Athènes porte son nom.

Pour son combat en faveur des études classiques, pour les leçons de rigueur et d’honnêteté intellectuelle qu’elle a données à ses élèves et à ses lecteurs, pour sa riche personnalité qu’elle a révélée au public dans plusieurs ouvrages plus personnels, Jacqueline de Romilly a été un bel exemple de cet humanisme moderne que l’association Guillaume-Budé essaie de sauvegarder et de promouvoir.

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1 commentaire:

  1. Merci d'avoir rappelé le travail accompli par Jacqueline de Romilly au sein de l'association Guillaume Budé d'Orléans.
    Nous saluons avec vous cette grande Dame des Lettres anciennes. J'écoute avec plaisir les émissions qui lui sont consacrées sur France- Culture. Son amour de la littérature grecque dont elle parle si bien me rend encore plus sensible à la beauté des mythes antiques qui ont formé notre culture.

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