vendredi 30 novembre 2012

Colette et Anna de Noailles, rivales et amies

.
Le mardi 13 novembre, nous avons accueilli avec un grand plaisir Nicole LAVAL-TURPIN, professeur agrégé de lettres classiques au Lycée Pothier venue parler de :

COLETTE et ANNA DE NOAILLES, RIVALES ET AMIES

Dans sa présentation, Jean Nivet, après avoir rappelé le succès de la  conférence que Mme Laval-Turpin avait faite il y a déjà une dizaine d’années à propos d’une autre amie de Colette, Hélène Picard, elle aussi poétesse — qui vécut dans son ombre et fut vite oubliée — a mis l’accent sur l’étrangeté apparente de l’amitié entre la paysanne de Saint-Sauveur en Puisaye et l’aristocrate roumaine, née Princesse Bibesco de Brancovan.

Nicole Laval-Turpin a d’emblée laissé entendre qu’“évoquer ensemble ces deux auteurs pouvait relever du cliché, tant elles ont été portées au sommet d’une littérature dite féminine, chacune ayant son domaine et sa singularité”. Elle a cherché la meilleure façon d’approcher ces deux destins, liés autant par leurs affinités que par leur rivalité, “l’écriture de l’une aidant à construire l’image de l’autre”, en s’appuyant sur leurs échanges épistolaires aussi bien que sur les témoignages de leurs contemporains. Et dans un premier temps, elle retrace leurs “chemins de vie” : bien qu’elles soient contemporaines, si Anna de Noailles devient célèbre dès 1901 avec  Le cœur innombrable, à cette date, Colette n’a pas encore signé seule ses Claudine de son nom de plume, et elle devra encore attendre les années vingt pour connaître la notoriété littéraire. Leurs relations sont au départ des rencontres mondaines, mais peu à peu, un dialogue amical va s’instaurer entre la “Vagabonde” qui s’avoue “libre en paroles, tutoyeuse et peu prompte à se lier”, et la Comtesse qui accueille le Tout Paris dans son salon de l’avenue Hoche, en même temps qu’elle reçoit des honneurs officiels (par exemple elle entre en 1921 à l’Académie royale de langue et de littérature  françaises de Belgique). Cette consécration ne gênera en rien son amitié pour Colette ni même son admiration qu’elle manifestera lors de la parution du Blé en herbe qui avait choqué les premiers lecteurs, puis plus tard  à propos de Sido. qu’elle qualifie d’“éblouissante”. Colette, de son côté, lui adressera des billets, véritables témoignages d’affection.

À partir de 1930, leurs deux destins vont suivre des directions opposées : Anna de Noailles, déjà très affaiblie, s’enferme dans sa chambre capitonnée de liège, en quête d’une gloire orgueilleuse, pressentant peut-être le déclin de sa poésie jugée trop esthétisante, tandis que Colette, débordante de vitalité, s’ouvre aux réalités du monde, publie des œuvres aussi variées que Prisons et Paradis et La Chatte, reçoit des récompenses, et va même, deux ans après la mort de son amie, occuper son fauteuil à cette Académie de Belgique…

Nicole Laval-Turpin a ensuite abordé ce qu’elle appelle les “chemins d’écriture“ de nos deux “rivales amies” : elles ont bâti des domaines distincts, même s’il existe “tout un champ de coïncidences et de proximités”. Pour elles, le statut de femme est essentiel dans cette époque nouvelle (et Anna de Noailles y tient un rôle emblématique). Un sentiment païen de la nature  permet aussi de les rapprocher, mais leurs registres restent exclusifs. La poétesse, bien qu’ elle ait écrit des romans et des nouvelles, revendique  la supériorité de la poésie. Colette, mal à l’aise devant “un langage où l’on ne peut tout dire”, s’attache à  travailler sa prose, jusqu’au miracle de la phrase parfaite.

La dernière partie de la conférence a abordé le problème délicat de l’influence des origines sociales. Opposer l’aristocrate à la roturière est certes juste, mais un peu réducteur ; la différence essentielle réside dans l’attitude vis-à-vis de la gloire : celle-ci obsède — autant que la mort — l’auteur de L’Ombre des Jours,  en même temps qu’elle fonde sa conception de l’existence ; à l’opposé, la fille de Sido aime la vie bien avant la gloire. On peut continuer la comparaison à propos du prestige — Anna de Noailles recherche les honneurs, Colette les reçoit  à son tour, se contentant d’être la “seconde” — et aussi de l’image de soi : la “sauvageonne” cultive sa rudesse provinciale en se complaisant dans ce rôle ; Anna de Noailles se met en scène dans une savante sophistication, jouant la princesse orientale, “avec les accessoires de son numéro”, comme le dira Cocteau non sans rosserie. Pour elles, le corps tient une place essentielle : en face d’une Colette “reine des appétits, rabelaisienne avec ses collations roboratives et ses recettes de terroir”, Anna, née Brancoveanu, apparaît “dolente, dans sa languide anorexie”. Le contraste entre noblesse et roture  se trouve exprimé dans un rapport d’homologie entre la production littéraire et la position socialement repérable des deux femmes. C’est particulièrement vrai pour Colette qui revendique un public spécifique et se réclame de valeurs quasi terriennes comme l’attachement au travail et la vertu du quotidien, ainsi qu’en témoigne son Discours de réception à l’Académie Royale de Belgique, un devoir imposé où elle a dû vaincre sa “résistance à la respectabilité”.

Colette survivra 18 ans à sa “rivale/amie” ; elle qui avait souffert de son passé de saltimbanque croulera sous les honneurs et accumulera les gros tirages. Le temps aussi fera son ouvrage : la poésie  d’Anna de Noailles paraîtra assez vite un peu surannée (bien qu’actuellement un cercle réhabilite sa mémoire) alors que Colette est devenue non seulement un auteur classique, sujet inépuisable de thèses, mais aussi un auteur populaire, car la majorité des lecteurs s‘est reconnue dans la “grande Dame des Lettres”, toujours fidèle à la petite écolière  de Saint Sauveur en Puisaye.

Nous aurions écouté des heures durant Nicole Laval -Turpin, qui a ajouté en P.S. que la maison natale de l’écrivain a été rachetée grâce à une souscription faite d’une multitude de dons modestes.


.

jeudi 22 novembre 2012

Le président de l'association nationale Guillaume-Budé sur France Culture

.
Dimanche prochain — 25 novembre — sur France Culture, à 14 h 30, l'émission "Secret professionnel" de Charles Dantzig portera sur : 




Dantzig reçoit, pour en parler, le directeur actuel de la série latine, Jean-Louis Ferrary qui est aussi le président de l'association nationale Guillaume-Budé.



Voici le texte de présentation de cette émission qui dure 30 minutes :

« C'est 14. La guerre de 14. Un homme est mobilisé. Cet homme, c’est un intellectuel, un rêveur, un philologue. Dans son paquetage, il décide d’emporter une grande œuvre de la littérature qui l’aidera à traverser le mur de brutalité qu’est la guerre. Il choisit l’Iliade. Et Joseph Vendryès, puisque c’est son nom, ne trouve d’édition décente que dans une maison d’édition allemande. L’édition française de livres de l’Antiquité avait beaucoup dégénéré depuis le XIXe siècle. Il se promet de remédier à cette lacune dès que la guerre sera finie. Ce qui sera fait, grâce à la générosité de quelques chefs d'entreprise. C’est ainsi que trois choses naîtront, entre 1917 et 1920, l'association Guillaume Budé, la maison d’édition Les Belles Lettres et la collection Budé, devenue l'une des plus prestigieuses collections de classiques grecs et latin du monde. Tous ceux qui ont fait du latin et du grec durant leurs études ont eu entre les mains ces célèbres volumes. Ceux de la série grecque, qui sont de couleur jaune et à l’insigne de la chouette de la déesse Athéna, et ceux de la série latine, de couleur rose et à l’insigne de la louve romaine, imprimés sur un Vélin crème de Guyenne 80gr spécialement fabriqué pour la collection. Je reçois pour en parler le directeur actuel de la série latine, Jean-Louis Ferrary. »

Charles Dantzig
--------------------------------

Rappel de la page 3 du Budéscope n°7 (XII/2012)
[Cliquez sur le texte ci-dessous pour l'agrandir] 

mardi 20 novembre 2012

Les Romains et la mer

.

Alain Malissard, président de notre association vient de publier : Les Romains et la mer aux éditions Les Belles Lettres. Il présentera et signera ce livre à la Librairie Les Temps Modernes, jeudi 29 novembre 2012 à partir de 18 heures (au premier étage de la librairie, entrée gratuite et en accès libre dans la limite des places disponibles).

Alain Malissard est professeur émérite de latin et de civilisation romaine à l'université d'Orléans. En 1994, il a publié dans la même collection Les Romains et l’eau.


"En 269 avant Jésus-Christ, les Romains ne craignent pas de s'embarquer sur des bateaux, qu'ils ne savent ni commander, ni manœuvrer, pour attaquer la puissance maritime des Carthaginois. Devenus les maîtres de la Méditerranée, ils la débarrassèrent des pirates et y fondent même leur Empire, quand Octave met en fuite les navires d'Antoine et de Cléopâtre.

Ils savent installer des chantiers navals, rénover les ports, entretenir une flotte militaire, favoriser l'essor de la pêche et des compagnies de navigation, développer jusqu'en Inde, en Chine et en Atlantique leurs grandes lignes maritimes.

Pourtant terriens dans l'âme, ils cuisinent avec raffinement les poissons de mer, consommèrent les huîtres avec passion, raffolent des perles et de la pourpre nées des coquillages ; ils découvrent les plaisirs de la plaisance, les charmes de la plage et les bienfaits d'une certaine thalassothérapie.

Les plus riches se font construire de magnifiques résidences en bord de mer, les plus savants réfléchissent aux questions que soulèvent les marées de l'Atlantique; les poètes, les philosophes et les orateurs reprennent les thèmes du pirate, du pilote, de la tempête ou du voyage en mer" (4e de couv.).

Alain Malissard a donné, pour notre association, les conférences suivantes :
.

lundi 19 novembre 2012

Sortie du Quarto/Max Jacob

.
Patricia Sustrac me prie de vous informer de l'événement suivant :

Jeudi 22 novembre à 18 h 30
Médiathèque d'Orléans
Auditorium Marcel-Reggui

En partenariat avec la Médiathèque d'Orléans
vous invite à la conférence de présentation du

Quarto/Max Jacob

par Antonio Rodriguez, éditeur de l'ouvrage
et Patricia Sustrac, coauteur de la section Vie et Oeuvre

Jeudi 8 mars 2008, Antonio Rodriguez nous a présenté, Max Jacob et le poème en prose baudelairien.

Plus de précisions sur le livre Max Jacob, Œuvres, Collection Quarto, Gallimard… et aussi sur France Culture.
.

samedi 17 novembre 2012

Deux Colloques : Le Forum des Droits de l'Homme et Paroles d'en Haut

.
Notre amie Émilia NDIAYE me demande de vous informer de la tenue de deux colloques qui dépendent de la Faculté de Lettres d'Orléans.


Dans le cadre du 10e Forum des Droits de l'Homme d'Orléans (octobre - décembre 2012) que Pierre Rosanvallon du Collège de France a inauguré le 7 novembre, 14 rencontres sont proposées jusqu'au 7 décembre prochain, dans toute notre agglomération. En particulier, à la faculté des Lettres se tiendra un colloque, samedi 24 novembre, avec trois tables rondes : 
  • I : La démocratie : concept et histoire, origines antiques, repères historiques et dimension philosophique.
  • II : Qu’est-ce qu’un État démocratique ? 
  • III : La démocratie dans son fonctionnement.


Les 6 et 7 décembre 2012, Paroles d'en-haut, colloque international organisé par les laboratoires IRAMAT et Polen de l'université d'Orléans. Attention, seule la journée du jeudi 6 décembre aura lieu à Orléans, le lendemain ce sera au Sénat.

.

mercredi 14 novembre 2012

Colloque : Péguy et ses correspondants

.

Samedi 24 novembre, au Centre Charles Péguy (11, rue du Tabour, Orléans), aura lieu un colloque organisé par l'Amitié Charles Péguy avec le concours de l'Université (équipe de recherche Polen) et de la Ville d'Orléans : 


PÉGUY ET SES CORRESPONDANTS 


Dans les Cahiers de la quinzaine se lit le dialogue entretenu par Péguy avec ses contemporains. La correspondance privée, beaucoup moins étudiée, intègre des éléments qui, non destinés à la connaissance du grand public, restitue la spontanéité des échanges et en éclaire au plus près le contexte.


Matinée
Présidence : Claire Daudin, présidente de l'ACP

  • 9 h 30 : Géraldi Leroy, Péguy épistolier
  • 10 h : Pierre-Jean Dufief, La méthode d'édition des correspondances et ses évolutions
  • 10 h 30 : Pause et discussion
  • 11 h : Yves Avril, Péguy-Étienne Avenard
  • 11 h 30 : Denis Pernot, Péguy-Gustave Téry
  • 12 h : Discussion

Après-midi
Présidence : Bernard Ribémont, directeur de l'équipe Polen

  • 14 h 30 : Michel Drouin, Péguy–Michel Arnauld
  • 15h : Dominique Millet-Gérard, Péguy-André Suarès
  • 15 h 30 : Pause et discussion
  • 16 h : Bernard Duchatelet, Péguy–Romain Rolland
  • 16 h 30 : Marie-Brunette Spire, Péguy-André Spire
  • 17 h : Discussion

Inscription gratuite auprès du Centre Charles Péguy (02 38 53 20 23 ou centre-peguy@ville-orleans.fr)
.

lundi 12 novembre 2012

Jean Giraudoux et l’Antiquité

.
Le jeudi 25 octobre la Section orléanaise de l’Association Guillaume Budé avait invité
Mauricette BERNE et Guy TEISSIER
pour parler de :
JEAN GIRAUDOUX ET L’ANTIQUITE

Mauricette BERNE, conservateur honoraire des Bibliothèques, spécialiste du fonds Giraudoux à la BNF est Présidente de la fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux ; Guy TEISSIER, professeur honoraire à l’Université Descartes de Tours a collaboré à l’édition des œuvres de Giraudoux dans la collection de la Pléiade ; de plus ils ont écrit ensemble un livre remarqué Les vies multiples de Jean Giraudoux paru en novembre 2010 aux éditions Grasset : pouvait-on trouver guides plus sûrs pour nous accompagner dans l’univers giralducien ?

Nous avons suivi dans un premier temps l’itinéraire du jeune  lycéen celui qui  a pour double le héros de Simon le Pathétique dont l’innutrition (pour reprendre le terme que Faguet appliquait à Du Bellay et à Ronsard) par la culture antique a commencé dès la classe de cinquième avec une composition française intitulée “le gladiateur mourant” ; un peu plus tard, en classe d’humanités, il écrit des variations sur Plutarque; en rhétorique, il s’exerce à imiter un dialogue de Platon. A sa sortie de la rue d’Ulm, il déclarera avec un peu d’exagération que l’Université ne lui avait appris que le pastiche.  En réalité, Giraudoux,  comme les grands musiciens, se plaît à multiplier les variations sur les œuvres majeures, à commencer par les récits homériques. Ainsi du Chant X de l’Odyssée, il ne retient qu’un personnage épisodique, effacé, couard, et qui, dans son ivresse, se tue en tombant de la terrasse du temple de Circé : c’est Elpénor, héros ou plutôt anti-héros du roman éponyme, dont la première rédaction date de 1919, version burlesque de l’épopée. Plus tard il l’enrichira, par exemple en inventant  de nouveaux épisodes, comme ce concours de poésie où Elpénor gagne contre Apollon, mais heureusement sans subir le destin tragique de Marsyas.

Giraudoux est alors parvenu à dépasser le jeu du pastiche et de la parodie ; il peut se mesurer aux grands mythes ; mais c’est au théâtre qu’il va les retrouver, et notamment grâce à sa rencontre avec Louis Jouvet en 1927, lequel va mettre en scène l’année suivante Siegfried et le Limousin. Un succès immédiat l’encourage dans cette voie, et, retrouvant son monde antique, il donne, entre 1929 et 1937, trois “grands classiques” ; d’abord une comédie  sur les amours de Jupiter et d’Alcmène, à la suite de Plaute, de Moliére, de Kleist et de 37 autres (paraît-il) : c’est Amphitryon 38. M. Berne et G. Teissier ont pris le soin de démonter le mécanisme subtil de cette fable “qui joue avec les identités” et de souligner les facettes différentes de cette pièce qui peut, comme au deuxième acte, friser le vaudeville, ou conduire le spectateur à une réflexion philosophique sur la liberté humaine. Le ton est encore plus grave dans La guerre de Troie n’aura pas lieu dont la première représentation a lieu le 22 novembre 1935, en pleine crise internationale, au milieu des rumeurs les plus alarmistes. L’auteur a pris ses personnages dans Homère, mais pour ainsi dire dans leur intimité, “avant qu’ils n’entrent dans la légende”, et, surtout, ils se sont enrichis de l’actualité : en face du belliciste Démokos / Déroulède, Hector est un combattant qui revient de la Guerre de 14. Et son Discours aux morts “est une Prière sur l’Acropole à la mesure de notre temps et de notre inquiétude”, selon le mot si pertinent de Colette. Il est hors de doute que Giraudoux a souhaité donner, à sa manière, un avertissement à ses contemporains. Dans sa troisième pièce “à l’antique” Electre, il entre directement en concurrence avec les tragiques grecs. Il va “épousseter le buste de l’héroïne et placer le mythe dans une lumière contemporaine en lui donnant la démarche d’une enquête policière, voire psychanalytique”. Il imagine des personnages, comme le Président et sa frivole épouse Agathe Théocatoclès, le chœur des trois Euménides, d’abord petites filles et qui grandissent de scène en scène, le Mendiant, spectateur et commentateur des événements, tandis qu’il emprunte la figure du Jardinier à Euripide ; en même temps il remodèle la psychologie des acteurs du drame antique. En quelque sorte Giraudoux a réinventé à sa manière la tragédie, même si certains critiques de l’époque lui ont reproché de prendre trop de libertés.


Mauricette Berne et Guy Teissier ont évoqué ensuite la “veine romaine” de l’auteur. En 1937, alors qu’il met en chantier l’impromptu de Paris, Giraudoux envoie à Jouvet le projet d’une pièce politique qui s’intitulerait Caïus ou Les Gracques, librement inspirée de Plutarque. Ce projet, qu’il reprend en 1939, restera cependant sans suite, mais dès 1942, entreprend une pièce sur l’histoire de Lucrèce et des Tarquins qui deviendra Pour Lucrèce, où il malmène la tradition, prenant le contre-pied du Viol de Lucrèce d’André Obey. C’est seulement en 1953 que cette œuvre de Giraudoux sera jouée grâce à J.-L. Barrault. Et toujours en pleine occupation, alors qu’il fait ses débuts de dialoguiste au cinéma, il écrit L’Apollon de Marsac vite rebaptisé en l’honneur de son pays natal, L’Apollon de Bellac : un lever de rideau plein de charme et d’imprévu qui n’est pas sans rappeler la verve et la fantaisie d’Intermezzo.

Disons pour conclure, en suivant nos guides attentifs, que Giraudoux, à partir de l’obscur Elpénor, a jalonné toute son œuvre théâtrale de personnages empruntés à l’histoire ou aux mythes antiques qu’il a remodelés, enrichis, en montrant leur complexité. Et surtout il a su leur insuffler ce qui manque trop souvent à la scène un langage poétique inimitable.
.