vendredi 14 mars 2014

Donner corps à la faim…

.
Honte à moi, je n’ai jamais lu Knut Hamsun. Peut-être ses sympathies pour le nazisme dont j’avais connaissance m’en tenaient-elles éloignée.

Je redoutais ce soir-là de me trouver confrontée de façon abrupte à la misère qui hante nos trottoirs. Et en effet ce texte de 1890 décrit exactement le naufrage de ceux que l’on nomme crument « SDF ». Mais ces pages se veulent à peine « témoignage social ». La seule protestation s’adresse à Dieu, dans une invective hurlée qui sidère le spectateur. La mise en scène, minimale, cède toute la place, peu à peu, à l’expression du corps crispé, recroquevillé, propre à nous faire sentir le basculement physique d’un affamé.

La faim… ou comment ses mirages s’emparent aussi de l’imaginaire et l’entraîne en poignantes divagations. J’ai cru revoir alors Le Journal d’un fou de Gogol, dans cette descente inéluctable. Et relire le conte d’Andersen devant le sapin lumineux, évoquant La petite fille aux allumettes, morte de faim une nuit de Noël.


L’adaptation du roman n’était peut-être pas du théâtre, au sens strict, mais nous étions bien au théâtre, grâce à la magie d’un acteur habité, creusé par le rôle, au plus près de nos hantises, dans cet espace Vitez où tout semble proche. Une belle expérience à mes yeux.
.

1 commentaire:

  1. J'aurais voulu dire cela, tellement c'est proche de ce que j'ai ressenti , mais Nicole le dit une sincérité si éloquente...Depuis l'au-delà Knut Hamsun a dû rermercier Xavier Gallais.

    RépondreSupprimer