jeudi 2 janvier 2014

Aryballe corinthien en forme de chouette

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Notre ami Jean-Louis Gautreau, amateur d'art bien connu des Orléanais, auteur du blog très fréquenté consacré aux musées des Beaux-Arts de France et vice-président des Amis de Roger Toulouse, a réalisé une étude sur l'aryballe corinthien en forme de chouette [Art grec archaïque (vers 640 av. J.-C.) du musée du Louvre] d'où est issu le logo de notre association, je vous communique ce travail en guise de cadeau pour l'année 2014 commençante.

Qu’est-ce qu’un aryballe ?

En dépit de sa forme, celle d'une petite chouette (5 cm) très expressive avec sa tête penchée et ses grands yeux étonnés, ce vase est un aryballe : petit vase à huile parfumée dont Corinthe s'était fait la spécialiste. En effet, un réservoir se trouve à l'intérieur de l'objet et un orifice a été pratiqué sous la base afin de favoriser l'écoulement du liquide. De même, les deux trous percés dans cette même base permettaient de suspendre l'objet à son poignet. Ce petit aryballe en forme de chouette est à usage individuel et portatif.
Corinthe va devenir l'atelier céramique dominant de l'époque orientalisante (VIIe siècle av.-J.-C.). 
Son succès s'explique par sa spécialisation dans les petits vases à parfum (entre 5 et 20 cm), faciles à exporter, par l'invention d'une nouvelle technique, celle des figures noires qui ajoute aux silhouettes noires déjà existantes des incisions et des rehauts de couleurs.
L’argile corinthienne, naturellement pâle, les rehauts rouges, le vernis noir et le dessin au trait forment un ensemble polychrome des plus harmonieux.


Quelle chouette ? 

La Chevêche d'Athéna ou Chouette chevêche (Athene noctua) est une espèce d'oiseau de la famille des strigidés de petite taille à l'aspect trapu. C'est la plus diurne des strigidés, malgré son nom latin (Athene noctua). Dans l'Antiquité grecque, la Chevêche d'Athéna était l'attribut d'Athéna, déesse de la Sagesse.

Tétradrachme d’Athènes - Dans la Grèce antique, la Chevêche d'Athéna, attribut d'Athéna, symbole de la Connaissance (la sagesse mais aussi la science) devint tout naturellement celui de la ville d'Athènes (Athéna était la déesse protectrice d’Athènes). On retrouve ainsi la chevêche accompagnée d'un rameau d'olivier sur les drachmes de cette ville. On retrouve encore aujourd'hui la chevêche sur les pièces grecques de 1 euro.

Pourquoi la chouette est-elle l’un des attributs d’Athéna ?

La chouette est le symbole de la sagesse dans le monde antique. Elle est liée à la déesse grecque Athéna, à laquelle Homère attache déjà l'épithète de glaukôpis (Athéna aux yeux brillants, ou "aux-yeux-de-chouette"). Cette particularité du regard de la déesse a conduit à plusieurs interprétations : elle voit dans la nuit, elle représente la connaissance liée à la Lune, c'est-à-dire une connaissance indirecte, par reflet, fondée par conséquent sur le détour par la pensée et par la raison. Déesse des Arts et de la sagesse, de la guerre défensive et de l'activité intelligente, elle prête son symbole ailé à la ville d'Athènes, qui frappe monnaie à l'effigie de l'animal.

La Chouette et Athéna symbolisent donc la réflexion qui domine les ténèbres, la sagesse qui s'impose contre la violence : les armes d'Athéna, contrairement à celles d'Arès, sont défensives.
C'est pourquoi les dons d'Athéna sont toujours féconds pour le développement de la civilisation contre la barbarie toujours menaçante à l'intérieur comme à l'extérieur de l'homme et de la cité. Elle accorde par exemple l'olivier, source de bienfaits matériels et civiques. Elle enseigne les techniques, mot grec qu'on peut traduire par arts, comme la poterie ou la menuiserie, ou le tissage. Elle préside aux débats en protégeant les orateurs et les philosophes. Son action civilisatrice est encore plus nette lorsqu'elle encourage les hommes d'Athènes à substituer une justice nouvelle fondée sur la raison à une ancienne fondée sur la violence de la vengeance sans fin
La Chouette d'Athéna nous rappelle donc les mille ressources de l'intelligence hellénique, et particulièrement le goût pour la clarté de la raison toujours vigilante. Elle nous propose ainsi finalement une des voies pour un humanisme moderne.

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