mardi 27 mai 2014

Solange Lauvergeon chevalier de la légion d’honneur

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Nouvel hommage aux femmes de notre association orléanaise Guillaume  Budé !  
Il y a quelques mois, le 22 septembre 2013, sur notre blog, j'ai eu le plaisir d'évoquer l’une de nos amies, Catherine Martin-Zay, particulièrement honorée le jour où elle reçut, dans sa librairie, la médaille d'Officier des Arts et des Lettres, des mains de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti.

Depuis ce temps, l’une de nos “budistes“ fidèles, fut distinguée, à son tour, dans notre cité Johannique. Le soir du vendredi 21 mars 2014, une cérémonie particulière mit en pleine lumière, Solange Lauvergeon, qui dut monter sur le podium pour recevoir une décoration prestigieuse dans un lieu symbolique, soit l'Hôtel de Région sis au flanc de la cathédrale d'Orléans. Notre amie reçut la médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur non seulement pour récompenser une carrière professionnelle bien remplie mais aussi pour saluer toute une vie d'engagement au service de ses concitoyens. Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle, lui remit les insignes de cette distinction, sous la Présidence de François Bonneau, président de la région Centre. Ils  nous firent entendre de beaux discours fleuris autant qu’explicatifs, tandis que M. le sénateur Jean- Pierre Sueur alignait sa haute silhouette auprès d'Anne Lauvergeon, rayonnante de fierté filiale. On le serait à moins !

À mon tour, je  voudrais, à ma façon, dire "Deux ou trois choses que je sais d'elle" un peu, à la manière indirecte de Jean-Luc Godard dont le film fait parler la Ville à travers un portrait de femme. Dire “ Solange “ - côté cour et côté coeur - telle qu’elle me toucha au cours des années remplies de rencontres, de voyages, de promenades : multiples occasions de converser selon notre humeur, multiples occasions de respirer la vie qui court et qui  nous mène à bout de souffle. 

Loin de moi l’idée de me lancer dans une hagiographie de Solange, une histoire édifiante ! même si parfois, je l’avoue, j’aperçois quelques ronds d’auréole flotter au-dessus de sa tête comme un halo baladeur, perceptible seulement à ceux qui la connaissent bien ! J’aimerais la cadrer dans une image “ juste “, la peindre sans la chamarrer de couleurs voyantes, esquisser d'un trait net une silhouette de femme sobrement élégante, l'une de celles qui pourrait illustrer une citation de Coco Chanel "La mode se démode, le style jamais".



Ce soir-là, nous eûmes la démonstration de son style personnel. Car la modestie de Solange dut-elle en souffrir, notre amie fut admirée, louangée, applaudie. Sous l’éclat vif des projecteurs et celui des regards aiguisés, notre amie starisée fit entendre sa voix calme et sans emphase, dans le silence plein d’empathie que l’on réserve à l’élue du jour sanctifiée sur l’autel de la célébrité, belle éphémère inscrite au jour “J “ du calendrier.  

Une fois descendue de l’estrade honorifique, 
Solange  reprit son parfait naturel, 
se baigna dans les effluves d'affection démonstrative et spontanée.
Elle  flâna à son aise, au milieu du parterre, cueillant, par ci par là, les fleurs des compliments enrubannés. 
Congratulations !
   
Bruissement de la foule qui fit un glissando vers l’espace dînatoire. Ouverture du buffet ! 
Ce fut l’heure de s’extasier sur les mets étalés en parfait appareil, gamme de nourritures à flatter les papilles en éveil.  
Le vin remplit les coupes et l’on trinqua ! Belle ambiance et joyeux brouhaha ! 
Gaudeamus ! C’est l’heure des libations autour de Solange, Mater Alma !    
La fête battit son plein de délices gourmands et de propos en verve, de rires sans réserve ou qu’on réserve à ces heures colorées… Allegro vivace ! 

Verre en mains, un peu sur le retrait, je regardais Solange enveloppée d’encens.
et me mis à soliloquer, réfléchissant : 
Ah! ce n’est pas simple de parler d’Elle !” 
car sa simplicité est justement le signe distinctif d’une forte personnalité.
Femme de cœur en toute discrétion, chaleureuse sans ostentation. 
Réserve marquée d’élégance, bien connue de ceux qui l’approchent,
amis et complices du chemin parcouru.

Au fil des ans d’une mutuelle découverte, je fus souvent frappée par sa faculté d’écoute et de compréhension,
sa réticence à tout déballage personnel, son rejet des Fausses Confidences, cette forme d’hypocrisie mondaine à laquelle nous sacrifions peu ou prou, par goût du jeu social. 
Son “Je “ à elle n’a rien d’un ego narcissique. 
Il se plaît au “nous “collectif, amical,    
ou bien au tutoiement qui met à l’aise,
signe d’attention à l’autre, en veine de confidences. 

Pour caractériser Solange, selon ma fantaisie, à propension lyrique, 
j’aimerais “situer mon sujet“  sous l’égide de Max Jacob,
expert en l’art d’étirer des portraits, classiques, cubistes ou drolatiques ! 

Son prénom, à lui seul, fait lever des images   
et la place en situation élevée. 
De quoi jouer avec les mots sortis de mon Cornet à dés. 
J’aime ses deux syllabes qui s’épousent et scandent
l’union intime d’un Sol où s’enracine quelque chose d’un Ange. 

L’acuité de son regard clair, 
les traits de son visage disent la fermeté d’un énergique caractère,
autant que son pas élastique…. 
musique en Sol, clavier bien tempéré, partition éclectique. 

Dès qu’on l’appelle,
Sol-Ange prend son envol.  
En main, sa clé de Sol,
accourt, à tire d’ailes, secouriste zélée …     
puis reprend forme humaine, 
pieds plantés sur un Sol malmené ,      
qu’elle arpente en Solide terrienne, 
Solidaire et sereine. 

Clé de Sol d’un cœur à l’écoute du monde, 
de ses accents polyphoniques
elle chante  
dans ce concert à l’unisson
où j’aime Solfier avec elle.  
J’entends jouer la note unique 
de sa rythmique personnelle 
au plus juste de la partition.  

Les souvenirs affluent en cascades irisées   
tandis qu’elle évolue 
dans le tourbillon ordonné 
de cette soirée Lauvergeon. 
M’envahissent pêle-mêle des images à foison 
qui surfent sur la vague de nos lieux de voyages,     
lieux de partage, plaisir et badinage … 
Solange que j’appris à connaître au quotidien de nos balades
dans ses élans d’admiration, sourire et pied léger.  
Cailloux ensoleillés. 
Si d’aventure,vous trébuchez,
elle se trouve à vos côtés 
tout naturellement…

Je la revois dans la gaieté de ces moments ludiques
quand nous foulions les sols antiques,  
sous l’aimable conduite  d’Alain le magister 
notre oracle tant savant qu’écouté … 
et celle de Gérard estampillé “le géographe“ 
celui qui fait lever les paysages, 
patenté cartographe. 
Je les ai vus prendre forme et visage 
magiquement. 

Nous volons sous le signe de la Chouette, vers le pays Hellène 
l’ile-piton de Santorin, la Crête minoenne , 
le Prince fleur de lys, aisance souveraine,  
Le pays sanglant des Atrides, Agamemnon, Hélène… 

Visitons l’Italie, 
Campanie et Capri … 
Syndrome de Stendhal, extase  garantie
Voir “Naples et mourir…“ 
La Toscane : “Ah!  mon Dieu que la mort  est jolie 
au ciel des tombeaux  peints de l’Étrurie… ! “  
Il y eut aussi L’Angleterre romanisée 
mais je ne peux m’éterniser… 

La fête a perdu ses couleurs… Je reviens à la réalité  
Il est temps de laisser Solange qu’entoure son cercle familial. 
En la quittant,
j’entendais bruire le chant choral 
des enfants réunis 
autour de la Chevalière Solange 
près de Gérard, fidèle chevalier, en duo d’harmonie…

Avant de m’en aller,
un regard qui s’attarde  !  
Moment furtif
bref arrêt sur image !  
“Ô temps suspends ton vol ! “ 
Je tiens Solange, cadrée dans mon viseur, 

et je la “Flashe“ juste en plein  cœur…
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samedi 24 mai 2014

Le mystère des Juges intègres enfin dévoilé ?


Chacun sait que le magnifique polyptyque du XVe siècle représentant l'Adoration de l'Agneau mystique, exposé dans la cathédrale Saint-Bavon de Gand, est une œuvre des frères Van Eyck. On sait moins  que le panneau en bas à gauche – représentant une dizaine de "juges intègres" qui attendent de pouvoir s'approcher de l'Agneau – n'est qu'une copie très habile réalisée vers 1940. En effet le panneau original a été volé dans la nuit du 11 avril 1934. Dans les jours suivants, un maître-chanteur a bien prétendu savoir où l'œuvre était dissimulée, mais il a rendu l'âme au moment même où il allait peut-être donner le moyen de retrouver le chef-d'œuvre.

Depuis cette date, malgré toutes les recherches et de multiples enquêtes, le mystère était resté entier. Certes Albert Camus, en 1956, avait prétendu, dans La Chute, que le panneau volé avait été vu dans un bar d'Amsterdam. Mais aucun élément décisif ne permit de résoudre ce que A. Van der Elst appelait en 2009  "la plus grande énigme policière et artistique de tous les temps".

Or  des documents découverts il y a quelques années dans une étrange boîte noire ont permis de connaître ce que tout le monde cherche depuis exactement quatre-vingts ans. En fait, c'est Pierre Decroix, l'ambassadeur de France bien connu, mort à Beaugency en 2011, qui détenait la clef du mystère. Et c'est un membre de l'association orléanaise Guillaume-Budé, Marc Baconnet, qui a mis en forme les documents laissés par ce Pierre Decroix, permettant ainsi de reconstituer l'incroyable et terrible destinée de ce chef-d'oeuvre.

Marc Baconnet vient donc de livrer au public le récit des tribulations de ce panneau sous le titre La Boîte noire, un ouvrage publié à Paris par les éditions Cohen&Cohen, dans leur nouvelle collection ArtNoir, entièrement consacrée aux thrillers se déroulant dans le monde de l'art.

Marc Baconnet est par ailleurs l'auteur de plusieurs romans : Midi la nuit, Les Flocons noirs, Jeune femme au livret rouge.
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